
Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a renforcé l’action des Bataillons d’Intervention Rapide (BIR) pour lutter contre les groupes djihadistes. Toutefois, ces forces spéciales, ainsi que les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), sont accusées de nombreuses exactions contre les civils, notamment contre la communauté peule, accentuant la spirale de violence.
Des massacres d’une rare violence
Des images insoutenables circulent sur les réseaux sociaux : des femmes laissées pour mortes avec leurs enfants, des corps empilés dans des triporteurs, des exécutions sommaires filmées par les auteurs eux-mêmes. Ces scènes, tournées les 10 et 11 mars 2025 dans des villages proches de Solenzo, à l’ouest du pays, témoignent de la brutalité des affrontements.
Selon des sources locales et sécuritaires, le bilan de cette attaque perpétrée par des VDP s’élèverait à au moins 60 morts, voire plus d’une centaine. Les victimes, presque exclusivement issues de la communauté peule, sont assimilées à tort aux groupes djihadistes en raison de la présence de certains Peuls dans leurs rangs.
Une stratégie de terreur qui vire à l’épuration ethnique ?
Comme ailleurs au Sahel, la communauté peule est particulièrement visée. « Il y a parfois une forme de bienveillance, voire de complicité, de certains Peuls avec les djihadistes par endroits. Mais ils sont ciblés sans distinction partout où l’armée et les VDP sont en difficulté. C’est une sale guerre qui tourne à l’épuration ethnique », explique une source sécuritaire.
La politique de la junte burkinabée, qui mise sur les VDP pour combler le manque de ressources de l’armée, a contribué à l’escalade de la violence. Faiblement encadrés et mal formés, ces supplétifs se livrent à des massacres aveugles, alimentant un cycle de vengeance et d’instabilité.
Le silence international face à une situation alarmante
Malgré les rapports de plus en plus nombreux sur les atrocités commises par les forces burkinabées et leurs alliés civils, la réaction internationale reste timide. Les autorités burkinabées, elles, continuent de présenter leur lutte contre les djihadistes comme une priorité nationale, minimisant les accusations d’exactions.
Alors que le Burkina Faso s’enfonce dans un conflit toujours plus sanglant, la question se pose : jusqu’où ira cette « sale guerre » avant qu’une véritable intervention internationale ne soit envisagée ?